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Baie de Hann, un ATOUT pas un EGOUT !

Publié le 12.04.2015 par Team - Voir les commentaires

Le second « Green Talks » s’est tenu le mercredi 25 mars 2015 autour de la thématique « La Baie de Hann, un ATOUT pas un EGOUT ». Rappelons que les « Green Talks » ont été lancés en collaboration avec l’Institut des Métiers de l’Environnement et de la Métrologie (IMEM) avec pour objectif de pouvoir entendre toutes les parties et de faire émerger des solutions qui impliquent tant le secteur privé, que les populations et les autorités publiques sur la problématique traitée.

Ainsi, ce Green Talks a vu la participation des représentants de l’Office National de l’Assainissement (ONAS), de la Mairie de Hann Bel Air, du Bureau de Mise à Niveau des petites et moyennes Entreprises (BMN), de la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC), de la mairie de Hann Bel Air, de la société civile par la présence de l’association « Hann bay keeper » mais aussi du groupe sénégalais « les Frères Guissé » initiateurs du festival Environnement et Culture pour la baie de Hann.

Les intervenants ont exposé leurs vues sur les défis de la dépollution de la baie de Hann, en présence du public venu nombreux. Rappelons que la baie de Hann, jadis l'une des plus belles plages du Sénégal, est aujourd’hui un des endroits les plus pollués d'Afrique de l’Ouest. Autrefois première baie sableuse du monde, la baie de Hann s’étend sur 13 km à partir du port autonome de Dakar (PAD), pour une population riveraine estimée à 500 000 habitants issue des communes de Mbao, Diamaguène, Sicap Mbao, Dalifort férail. Elle est aujourd'hui la première zone industrielle de l’Afrique de l’Ouest représentant entre 70 à 80% du tissu industriel du Sénégal.

La pollution de la baie de Hann a pour origines d'une part celles causées par les industriels et les populations riveraines elles-mêmes qui rejettent les déchets solides et liquides sur les rivages, et d'autre part la pollution marine (déchets dérivants, prolifération d'algues marines en putréfaction, etc.) due aux courants marins se dirigeant vers la Baie et y faisant converger les déchets de la côte. L’ONAS a ainsi été interpelée sur le fait qu’il n’y a pas de systèmes différenciés d’assainissement de la ville de Dakar sur la baie de Hann, les évacuations des eaux de pluies et des eaux usées étant rassemblées dans les canalisations gérées par l'ONAS, tandis que la compétence de gestion des canaux est dévolue à la mairie. La discussion a clairement mis en relief le problème de responsabilité des collectivités locales, souvent source d'inertie!

Il est aussi ressorti des interventions des panélistes que le projet de dépollution de la baie de Hann est sur la bonne voie car :

- les sources de pollution de la Baie sont connues et maîtrisées par l’expertise nationale en particulier universitaire ;

- les industries en cause ont été recensées (5 entreprises de la zone ont été identifiées comme étant à l’origine de 70% de la pollution), et toutes les études de courantologie, de dispersion, de caractérisation des rejets industriels sur la baie de Hann et l’analyse des systèmes de tarification à appliquer, ont déjà été réalisées ;

En revanche, les problèmes qui risquent de retarder le projet ont été évoqués à savoir :

- le défaut de communication et d’implication des populations riveraines, des collectivités locales, des départements techniques publiques, et des associations œuvrant à la recherche de solution de la pollution de la baie de Hann ;

- l’absence de partage et de diffusion des résultats de la recherche scientifique notamment auprès des techniciens et décideurs publiques, ainsi que l'insuffisante sollicitation de l'expertise locale dans le projet par rapport à l’expertise étrangère ;

- le problème de canaux d’évacuation des eaux d’assainissement non différenciés et des canaux clandestins mis en place par les populations riveraines (comportements non adaptés) ; par exemple le projet de dépollution ne cible que les déchets liquides mais toute la problématique des déchets solides reste à traiter!

A l’issue des échanges, des suggestions et pistes de solution ont été proposées et concernent entre autres :

- l’implication de tous les acteurs concernés à savoir l’Etat du Sénégal (démembrements concernés) – les Industries, les Populations riveraines – les Collectivités locales – les Associations – pour une approche participative, et les partenaires financiers pour encourager les efforts ;

- la responsabilisation des populations riveraines qui, à force de comportements non adaptés, contribuent à la pollution continue de la baie; il est crucial de les informer de l'importance des dégâts causés par leur pollution notamment avec le rejet sauvage de leurs déchets solides ;

- l’incitation des industries à adhérer au projet de dépollution de la baie de Hann grâce à des conseils techniques et des aides financières (tels que ceux proposés par le Programme de Mise à Niveau des entreprises). Ceci permet aux entreprises de mettre en place leur propre système de prétraitement de leurs eaux usées avant transmission dans le collecteur principal qui sera mis en place dans le cadre dudit projet et qui sera relié à la future station d’épuration avant rejet en mer via un émissaire de 3 km de long ;

- le respect des normes en vigueur via le code de l'environnement du Sénégal (en particulier la norme NS 05/61 qui porte sur les effluents liquides), le suivi semestriel au niveau des industries d’un paramètre de pollution appelé la Charge Polluante des eaux usées à partir de laquelle une taxe sur la charge polluante sera établie et qui contribuera aux charges de fonctionnement de la future station d’épuration qui sera construire dans le cadre de ce projet; les sanctions devraient être appliquées de manière plus effective.

- le recours au transfert et à la vulgarisation des résultats des recherches scientifiques de l’expertise nationale ;

- la mise en place d'un programme d’information, d’éducation et de communication (IEC) environnementales au sein des collectivités locales et des écoles dans le but d’inciter les populations locales (et surtout les futures générations) à changer de comportements ;

- le besoin de rassurer les populations sur le projet au fur et à mesure de son exécution, et surtout de les informer sur l'utilité et les risques de l'émissaire à 3 km de la mer.

Le débat a ainsi permis d’une part d’apporter aux participants une meilleure connaissance de la problématique de la pollution de la Baie de Hann et de son projet de dépollution qui devrait, après trop d'années de retard, démarrer en août 2015. D'autre part cela a permis de se rendre compte de deux choses :

L'atout Numéro un de la Baie de Hann reste sa population riveraine!

LA BAIE DE HANN EST UN ATOUT MAIS PAS UN EGOUT.

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