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Guédiawaye dans tous ses états…d’insalubrité !

Publié le 01.12.2014 par Team - Voir les commentaires

Dans cet article, nous avons choisi de relater les faits sans détours ni complaisance, parce que la réalité est parfois plus choquante qu’on ne voudrait se l’avouer …

Vendredi 17 octobre 2014, Ecofund (Sandrine) et VIE – Vie Information Environnement (Pr.A.Tidjani) ont répondu à l’appel de l’association des graffeurs « Doxandem Squad » en animant, dans le cadre de leur festigraff santé 2014, un échange avec les populations de quartier de Guédiawaye, sur le thème des inondations.

C’est sous une bâche rassemblant de nombreux femmes et enfants que nous avons dévoilé au public la prophétie n°7 en grand format : la photo de F. Monteiro ainsi que la légende explicative sur le fléau des inondations ont suscité la curiosité mais aussi tout l’intérêt des participants en empathie évidente avec la victime des inondations et le Djinn présents sur la photo.

En effet, dans ce quartier anciennement baptisé « Khaley cité » ou plus récemment « Cité Dioukhope », nous avons découvert le quotidien saisissant que vivent ses habitants: l’école qui accueille plus de 800 élèves (7 à 13 ans) est régulièrement victime des inondations qui se sont manifestées pour la première fois en 2005, dans cette zone à urbanisation rapide et peu structurée et située sur des bassins versants. Au-delà des affres vécus pendant les pluies de l’hivernage (terrain boueux et plein d’eaux stagnantes, moustiques et odeurs) s’ajoute l’inaccessibilité de l’école pendant 2 à 3 mois, retardant d’autant l’apprentissage des enfants.

Après une présentation du projet Prophétie mené au Sénégal par Ecofund pour sensibiliser les populations aux risques et solutions face aux fléaux environnementaux, le Pr.Tidjani a expliqué clairement et en langue locale les causes et les conséquences des inondations sur l’environnement et la santé publique. L’échange qui s’en est suivi a été des plus animés, plusieurs femmes exposant avec tristesse et colère les divers problèmes de salubrité de leur quartier. Le fléau des inondations s’est ainsi révélé très complexe et aussi fortement accentué par les actions de l’homme: pas d’eau dans les toilettes de l’école depuis que la première facture d’eau (env. 1000 euros) n’a pas été payée, station de pompage non fonctionnelle depuis sa construction, engendrant une augmentation des maladies hydriques et du paludisme……

Avec le Pr.Tidjani, nous avons ainsi découvert une station de pompage (solution de secours en cas d’inondations) totalement abandonnée à son sort depuis des années: vis de construction décriés par les usagers, mauvaise manipulation (tuyau cassé), postes de courant électrique inondés, ont finit de la mettre hors de service très rapidement, et depuis lors, ni l’équipe municipale, ni les habitants du quartier n’ont trouvé de solution…

Au final, la situation nous a semblé absolument catastrophique voire déprimante : les eaux pluviales de trois communes d’arrondissement (Sam-Notaire, Ndiarème Limamoulaye, Médina Gounass) recueillies dans la station sont devenues des eaux usées remplies d’excréments, de poubelles jetées nonchalamment par les habitants du quartier, et un haut lieu d’odeurs nauséabondes et de prolifération des moustiques…

Le risque sanitaire s’aggrave donc depuis 8 ans du fait de l’inertie totale de tout un chacun, et les inondations au lieu d’être contenues grâce à la station de pompage pourtant existante, font de plus en plus de dégâts : 503 maisons touchées, mosquées, écoles…. En outre, dans ce contexte actuel de vigilance maximale contre le virus de l’ébola, comment est-possible pour ces populations d’appliquer les strictes mesures d’hygiène sans eau, et dans l’insalubrité la plus totale ?

Nous avons demandé aux personnes présentes, s’il n’était pas envisageable que chacun se cotise dans le quartier afin de pouvoir recourir aux services urgents d’entretien de la station de pompage, et afin de régler les factures d’eau de l’école… Mais il semble que la question soulève d’autres questions liées à la gestion et à la confiance dans les mandatés pour gérer le problème et l’argent collecté. Vaste casse-tête …

Cette rencontre a été un événement de terrain très marquant, tant le désespoir est grand : Guédiawaye semblait ici une ville bien éloignée du confort très relatif de Dakar, oubliée de tous et du Gouvernement depuis 2006 et dans l’incapacité de se prendre en main par une action citoyenne des propres victimes … Nous sommes déjà à la veille de 2015 ! Le dépit nous guettait …

Cependant, en y pensant bien, l’on se rendait compte que très peu de personnes à l’instar de M. Amadou Sow, chef de quartier dynamique, ont conscience du danger environnemental et sanitaire dans lequel ils vivent. Plus que jamais la sensibilisation des jeunes générations a semblé d’une évidence urgente. Tandis que les graffeurs de « Doxandem Squad » venaient de balayer les saletés qui jonchaient le mur de l’école devant accueillir leurs graffitis de sensibilisation à la santé, les élèves de l’école jetaient çà et là des détritus juste devant l’entrée de leur école … Le tout sur un terrain vague harassé par les assauts du soleil, tant les arbres et autres plantes pourtant bien utiles à freiner l’écoulement des eaux, ont été éradiqués de ce paysage urbain …

Souhaitons vivement que la population recoure à l’expertise des stagiaires du Master sur l’environnement tel que proposé par le Pr. Tidjani dans son intstitut « IMEM » à Dakar, car comme il l’a dit « ce n’est qu’en argumentant la situation avec un exposé scientifique détaillé, que les populations pourront plaider leur cause et dégager des pistes de solution avec les autorités sénégalaises et aussi entre citoyens ». Une bonne idée qui redonne espoir !

Nous reviendrons sur place pour savoir si la situation a évolué de manière constructive après notre visite, en attendant tous nos vœux de réaction et de courage à la population de la Cité Dioukhope que l’on remercie encore de leur chaleureux accueil. Nous serions contents si cette mise en lumière de leurs problèmes peut contribuer à leur attirer des appuis.

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