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Infirmier, médecin, et pharmacien de garde

Publié le 13.09.2012 par Marie-Laure Noray-Dardenne - Voir les commentaires

Extrait du « Le Livre des Imraguen, Pêcheurs du Banc d’Arguin en Mauritanie » par Marie-Laure de Noray-Dardenne, Editions Buchet et Chastel.

Abou Malal Bâ veille jour et nuit sur la santé des Imraguen. Et s’il le pouvait, il les soignerait bien tous. Mais il n’a que deux mains, et sans le don d’ubiquité, il lui est bien difficile de traiter dans la même journée une plaie à Mamghar et une pneumonie à Agadir, en passant par une insolation en pleine badia. Abou a bien peu de concurrence sur le Banc d’Arguin. Il est, en vérité, le seul agent de santé diplômé de la commune de Mamghar, laquelle englobe les neuf villages du Parc. L’organisation Pharmaciens sans frontières a pourtant appuyé un stage de formation, il y a quelques années. L’objectif était d’initier une ou deux personnes, par village, au B.A.- BA des soins et  premiers secours.

Abou était d’ailleurs l’un des formateurs. Mais faute de moyens et de compensation, les bénévoles villageois ont mis de côté leur noble mission, ou bien sont partis compléter leur instruction sous d’autres cieux. Lorsqu’on est agent de santé communautaire, on ne reçoit rien de l’Etat, on reste tributaire des efforts volontaires de la communauté villageoise. Question de principe. L’idée est belle, certes, mais n’est pas facile à vivre pour les agents qui voient leur motivation initiale fondre, telle une peau de chagrin, devant le peu de reconnaissance sonnante et trébuchante.

Les villageois ont du mal à croire aux nouveaux pouvoirs de leur camarade de pêche. Tout cela est bien dommage, et n’allège pas la tâche d’Abou. Loin d’être découragé, il a toujours de nouvelles idées. La dernière : effectuer des tournées en badîa, en équipe avec un agent du Parc, pour la logistique. Ils ont commencé, et Abou est emballé par les résultats : soixante et onze consultations en deux jours, sans compter les vaccinations ! Evidemment, on ne peut pas faire ça tous les jours, pendant la tournée, on est bien obligé de fermer le poste de santé de Mamghar… Il vaudrait vraiment un deuxième agent.

Quant aux pathologies rencontrées, Abou énumère ainsi les plus courantes : pneumopathies, conjonctivites, diarrhées, accidents de pêche, dont de fréquentes  déchirures dues aux hameçons. L’agent de santé pratique aussi les accouchements.

L’infirmier constate que les cas de malnutrition sont rares. C’est vrai, les légumes font défaut, mais le poisson est un aliment tellement riche et presque complet… Le manque d’eau constitue d’avantage un problème, surtout pour les tout jeunes enfants…

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