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Le cri du Djinn sur l’érosion côtière

Publié le 01.05.2014 - Voir les commentaires

C’est à Bargny, ville située à une vingtaine de kilomètres de Dakar, que Fabrice a « saisi » le Djinn sortant des pierres rongées par la mer; son désarroi est visible par rapport à l'état de l'habitat duquel il émerge avec peine.

L’érosion dont il est question sur cette quatrième prophétie, est un phénomène global visible sur une grande partie des littoraux habités du monde, et qui pousse notamment l’Océan Atlantique à avancer d’environ 2 mètres par an en moyenne sur les 700km de côte du Sénégal. Pour les chercheurs comme I. Diop Niang, géologue et maître de conférences à l’Université de Dakar, l’érosion est le résultat d’une combinaison de facteurs naturels (houle, vents, marées, courants) parmi lesquels l’action de l’homme aggrave dangereusement le phénomène. En premier lieu, nos activités génératrices de gaz à effet de serre ont pour conséquence le réchauffement des températures et ainsi le relèvement du niveau des mers. Egalement, l’implantation d’habitations sur le littoral a non seulement incité à la disparition de végétation qui stabilisait les fonds marins, mais aussi a dénaturé le déferlement des vagues, l’énergie de la houle n’étant plus dissipée correctement. Ainsi certaines constructions (ports par exemple) sont la cause d’un déséquilibre sédimentaire (l’apport en sédiments par le mouvement de la mer étant plus faible que la perte de sédiments sur les plages), ce qui accentue l’érosion.

A Rufisque, non loin de Bargny, le phénomène érosif est particulièrement fort : le vent, les courants inversés et alternés autours de la presqu’île, les marées, entraînant un plus grande lenteur d’apport en sable le long des plages, concourent à l’avancement plus rapide de la mer sur la terre à tel point que le quartier de Thiawlène a été submergé en juillet 2007 par des vagues d’au moins 30 mètres de haut, laissant ses populations jusqu’à présent sous le choc. Les conséquences socio-économiques ont été et seront importantes si l’érosion persiste (destruction d’habitations et d’infrastructures telles que le cimetière du quartier, etc). Certaines stratégies pour se prémunir du phénomène de l'érosion à l'aide de construction d'ouvrages (digues, murs en béton) comme celui de Rufisque, contribuent paradoxalement à intensifier l'érosion, du fait du blocage du transit sédimentaire causé par l'insuffisante circulation des courants. En plus de souffrir d’une insuffisante réalimentation du sable en sédiments, le littoral sénégalais est tragiquement dépouillé de son sable marin chaque jour prélevé par l’homme, ce qui renforce le déficit sédimentaire et donc l’érosion. Les mêmes villageois victimes de l'érosion sont parfois les propres organisateurs du phénomène, sans le savoir, ou faute d'alternatives économiques… Alors quelles solutions pourraient être mises en œuvre pour atténuer ce phénomène, d’autant que le niveau marin tend à augmenter au fil des ans?

A priori les solutions naturelles pourraient convenir telles que conserver ou restaurer les infrastructures naturelles protégeant la côte (mangroves, lagunes, réserves sédimentaires végétalisées en arrière de plage), ou favoriser les herbiers marins qui permettent de retenir les sédiments pour maintenir les hauts-fonds qui contribuent à disperser et réduire l’énergie des vagues arrivant sur la côte. Les témoignages ne manquent pas : il y a plus de soixante ans, il existait bien une forêt entre les villages voisins de Bargny et la mer, ce qui était très utile. Les populations sont containtes à présent de déménager ou de construire plus en retrait des côtes et des plages.

Ici c’est Bargny, là c’est Rufisque, ou encore à Saint Louis, mais le phénomène érosif menace toute la côte Ouest de l’Afrique (16 pays) et d’autres endroits du monde. La solution passera sans doute par l’implication croissante des professionnels du tourisme, des collectivités locales et du gouvernement mais aussi des populations pour atténuer voire faire régresser les effets de l’érosion. Le Djinn de la prophécy semble nous inciter à à cette prise de consience, il n’est en effet peut-être pas trop tard !

Photo Oceanium Dakar « Prélèvement du sable sur une plage au Sénégal »

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