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Journal de plongée de Fatou

Publié le 15.02.2018 par Fatou Kiné Gueye - Voir les commentaires

Un humoriste a écrit « une huître, c’est un poisson fait comme une noix », l’huître-Pteria sp, c’est un peu ça…

Quand j’avais 5 ou 6 ans, je ramassais des coquillages sur le rivage dans la banlieue dakaroise : j’ignorais totalement que ces coques pouvaient renfermer une vie.

C’est à l’issue de mon baptême de plongée que j’ai eu l’opportunité de les observer dans leur milieu (appelé scientifiquement biotope). J’ai été fascinée par la manière dont certains bivalves (c’est-à-dire des mollusques aquatiques dont la coque est séparée en deux parties distinctes  ;), se fixent sur les rochers. Devenus des supports naturels à bien d’autres êtres vivants (cnidaires tels que les anémones de mer, ou d’autres mollusques et algues), les bivalves développent un système de camouflage afin d’échapper à leurs prédateurs comme certains gastéropodes perceurs (Netica sp) et non perceurs (le murex). C’est ce qui m’a poussée à choisir l’huître Pteria sp., une espèce de la famille de l’huître perlière. Avec son système de cachette, sa collecte mérite une attention particulière car pour un non averti elle peut passer inaperçue…La plongée m’a ainsi bien servi pour mon exercice scientifique !

Définition

L’huître Pteria sp est une proche parente de l’huître perlière de la famille des Pteridae et du genre Pteria. Sa coquille qui peut mesurer de 35 à 280 mm, est fine, fragile et peut avoir une forme très variable : ovale, circulaire et parfois très allongée sur l’un de ses cotés, rappelant ainsi les ailes d’un oiseau. Sa charnière, partie qui relie les deux valves du côté le plus épais de la coquille, est sans dent. L’animal n’a pas de pied mais un muscle adducteur très développé occupant toute la partie centrale de la coquille : c’est ce muscle qui assure la fermeture de la coquille.

Les spécimens ramassés ont été retrouvés à 12 m. de profondeur. Ils adhèrent aux rochers par un organe de fixation composé d’un ensemble de fibres, appelé byssus.

Ces bivalves sont des biofiltreurs : ils se nourrissent de particules alimentaires (organiques et inorganiques) en suspension dans l’eau.

Les sexes sont séparés, mais nous ne disposons d’aucune information précise sur leur biologie reproductive.

Hormis celle qui est perlière, Les Pteridae comestibles ne sont pas pour autant très exploitées.

Utilité

Bien que bon nombre de cette famille puissent secréter des perles, la Pteria n’est pas utilisée à ces fins. Etant jadis confondue avec l’huître, et plus tard avec la coquille Saint Jacques, elle est particulièrement vendue par les femmes sur la plage de Soumbédioune, à Dakar. L’espèce est consommée fraîche et grillée. Les vendeurs lui attribuent même des vertus aphrodisiaques !

Bon à savoir :

Au Sénégal, les coquilles vides de cette espèce sont utilisées à des fins décoratives. Cependant certaines ethnies comme les Sérères après avoir brûlées, les coquilles les utilisent comme liant dans la construction ou comme chaud vive dans la peinture

J’ai été ravie de mon expérience, et la prochaine espèce que j’aimerai observer sous l’eau est le lamantin d’Afrique de l’Ouest (trichechus senegalensis) en raison des nombreux mythes que les pêcheurs des îles du Saloum racontent sur lui. J’espère donc perfectionner mes plongées pour y arriver et vous raconter la suite de mes découvertes…

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